Article 222.23 du Code pénal
« Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. »
La connaissance de la culture du viol commence ici : par savoir ce que l’on entend par viol.
Il est important en préambule de poser la loi, la définition légale du viol afin que chacun·e d’entre nous soyons sûr·es que nous parlons du même sujet.
Il convient donc de rétablir certaines vérités :
Une fellation, un acte de pénétration avec un doigt, commis par violence, contrainte, menace, n’est pas considéré comme un viol : c’est FAUX
Une fois la définition établie, mais alors culture du viol, c’est quoi ?
Définition Wikipédia : La culture du Viol est un concept sociologique utilisé pour qualifier un ensemble de comportements et d’attitudes partagés au sein d’une société donnée qui minimiseraient, normaliseraient voire encourageraient le viol.
Penchons-nous sur la question d’un peu plus près …
La culture du viol c’est aussi :
● la négation
● la minimisation
● la banalisation
● l’encouragement de la violence
● la mise en doute
● la culpabilisation
Il est important de noter que ce concept de « culture du viol » est très récent.
A priori la première fois que ce terme a existé c’est aux États Unis dans les années 70 pendant la grosse montée du féminisme qui ont voulu faire prendre conscience à la société que le viol :
● n’est pas un fait rare
● qu’il ne vient pas majoritairement de l’extérieur (rue, parking…)
● qu’il vient le plus souvent d’un conjoint, ami, partenaire
● que c’est le résultat de la domination patriarcale et de la société de la domination masculine
● n’est pas romantique
● n’arrive pas à celles qui l’ont cherché
● ce sont les femmes qui le subissent et les hommes qui les commettent
En France on en parle depuis quand ?
Et bien c’est très récent !
Dans les années 2000 on commence à parler du mot “viol” et de “culture du viol” mais on attend surtout 2017 et #METOO pour que ce terme entre dans l’inconscient collectif : des femmes connues qui prennent publiquement la parole et osent dénoncer publiquement leurs agresseurs.
On commence à comprendre que le violeur n’est pas un homme qui sillonne les ruelles sombres et les parkings, le soir, avec chapeau et lunettes, à l’affût de sa proie, mais bel et bien un homme lambda qu’on connaît toutes et tous.
Celui qui a fait « un écart », « un dérapage » - ici les guillemets sont importants car ils démontrent exactement cela, la banalisation, ces éléments de langage qui visent à déculpabiliser les agresseurs et culpabiliser les victimes.
La culture du viol s’est glissée depuis toujours dans les médias, la musique, le cinéma les livres…
On se souvient tous·tes de ces contes de princes et de princesses où le prince embrasse la belle au bois dormant dans son sommeil (donc sans son consentement) pour la délivrer de son coma éternel, ou encore de la belle et la bête où la bête séquestre la belle pour qu’elle tombe amoureuse de lui alors que c’est un monstre qui répugne tout le monde mais qui finit par arriver à ses fins… et tout cela dans les esprits d’enfants, autant dire que le conditionnement à la culture du viol commence tôt.
Dans la musique, on pourrait croire que le Rap est le gros détenteur du trophée classique du machisme encouragent la culture du viol, alors oui mais c’est plutôt toute une équipe et elle ne se limite pas à ce genre musical. Rappelez-vous Michel Sardou dans sa chanson «les villes de grande solitude» avec la phrase très explicite qui à l’époque ne semblait choquer personne : «j’ai envie de violer des femmes de les forcer à m’admirer». On peut aussi citer Nino Ferrer dans sa chanson «le blues anti-bourgeois»: « Une fille qui me plaît, je me l’envoie que ça lui plaise ou que ça ne lui plaise pas ».
Au cinéma, bon nombre de films entretiennent la culture du viol et romancent la violence, et très récemment 365DNI (ça nous déplaît d’en faire la publicité en l’évoquant mais c’est une telle aberration que nous sommes obligées d’en parler). Pour résumer (comme cela, vous n’aurez pas à aller le regarder), c’est l’histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une femme et pour la séduire, il l’enlève, il l’attache dans son château car il est évidemment très riche et très musclé et il lui dit : je te donne 365 jours pour tomber amoureuse de moi et surtout ne t’inquiète pas je ne ferai jamais rien sans ton consentement (accessoirement, quand il lui dit ça il a les deux mains sur ses seins et elle est attachée). Est-ce que ce film dénonce ? Et bien non pas du tout au contraire c’est tourné à la façon d’une romance qui romantise la violence et tout ce qui découle du non consentement. La dark romance.
La culture du viol c’est aussi remettre systématiquement en cause la parole d’une femme qui en est victime sur un ton accusatoire, venant ainsi à douter du sérieux de la démarche. Les questions visant à discréditer la victime il y en a plein exemple :
● Elle portait quoi ? Des talons ? Un string ? Une robe ? Une jupe ? Un parachute ?
● Oui mais elle avait bu c’est sa faute elle n’avait qu’à ne pas boire
● Oui mais il avait bu ce n’est pas de sa faute à lui, c’est un dérapage, ça va
● Oui mais on a fouillé dans son passé, on a trouvé certains faits, elle doit sûrement mentir
Cet esprit de ligue que forment les hommes pour se soutenir en genre, le Légendaire “Boys Club”, pour s’épauler face à ces femmes qui les accusent, ces méchantes et fourbes femelles qui sont d’ordinaire à leur disposition en tout temps tout lieux pour satisfaire le besoin primitif du sexe … on ne sait jamais !
La culture du viol vient aussi de la vision que les hommes ont des femmes, il ne s’agirait pas d’inverser la tendance et de donner plein pouvoir aux femmes et uniquement aux femmes en niant que les hommes peuvent avoir les mêmes droits, mais de créer un équilibre, de briser cette caste liée aux genres, au sexe d’une personne.
Il s’agirait aussi d’espérer pouvoir arrêter de conseiller des cours de self défense aux femmes qui craignent d’être violées mais peut-être d’apprendre aux hommes à ne pas violer les femmes.
On pourrait tout aussi bien dire aux femmes qu’elles n’ont pas de « devoir conjugal » et que si on les force c’est un viol, s’il a un rapport pendant qu’elles dorment c’est un viol. Rétablir cette notion de respect, de choix et peut-être un petit peu d’esprit d’analyse de la part de ces hommes qui disent ne pas savoir si « non » ne veut pas en réalité dire « oui », non veut dire non et non ne voudra jamais dire oui.
Alors comment lutter contre cette culture du viol ?
Qu’il s’agisse des attitudes que nous avons à l’égard des identités de genre ou des politiques que nous soutenons dans nos collectivités, nous pouvons tous agir pour lutter contre la culture du viol.
L’ONU Femmes s’est penché sur cette question majeure et a ressorti de son étude 16 moyens de lutter contre ce concept
Créer une culture du consentement enthousiaste
S’exprimer contre les racines du mal
Redéfinir la masculinité
Empêcher que le blâme ne retombe sur les victimes
Avoir une tolérance zéro – à l’égard du harcèlement et de la violence sexuels dans les lieux où vous vivez, travaillez et vous amusez
Chercher à mieux comprendre la culture du viol
Adopter une approche intersectionnelle -La culture du viol nous affecte tous, indépendamment de notre identité sexuelle, de notre sexualité, de notre statut économique, de notre race, de notre religion ou de notre âge.
Connaître l’histoire de la culture du viol
Investir en faveur des femmes
Écouter les survivantes
Ne pas se moquer du viol - L’humour qui normalise et justifie la violence sexuelle n’est pas acceptable
S’impliquer - Engagez le dialogue avec vos représentants pour assurer la mise en œuvre des lois qui favorisent l’égalité des sexes
Mettre fin à l’impunité - Partout où vous voyez que les sanctions juridiques contre les auteurs d’actes criminels sont insuffisantes, luttez pour plus de justice et de responsabilité.
Être un spectateur actif
Éduquer la prochaine génération - C’est à nous qu’il revient d’inspirer les futures féministes du monde. Remettez en question les stéréotypes sexistes et les idéaux violents auxquels sont si fréquemment exposés les enfants dans les médias, dans la rue et à l’école. Faites savoir à vos enfants que votre famille est un lieu sûr où ils peuvent s’exprimer tels qu’ils sont. Confirmez leurs choix et enseignez-leur l’importance du consentement même à un jeune âge.
Démarrer une conversation ou se joindre à celles qui existent : REJOIGNEZ OSTARA !
Pour aller plus loin :
Blog de Noémie Renard
Site de l’ONU Femmes :
Documentaires :
ARTE - Elle l’a bien cherché -
Bibliographie :
Une culture du viol à la française - Valérie Rey-Robert – Libertalia
En finir avec la culture du viol - Noémie Renard – Les petits matins – Collection essais
Sous la ceinture : Unis pour en finir avec la culture du viol - Judith Lussier – Les éditions Québec Amérique
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